Communiqué de Jean-Claude Martinez, député européen - député de l’EUROLAT (Parlement Europe-Amérique latine)
Dans le quotidien français Libération, du vendredi 13 juin 2008, le président Evo Morales, de la République de Bolivie, s’adresse aux députés européens à propos d’une directive européenne connue sous l’abréviation “Directive Retour”.
Voici ma réponse de député européen :
1°) Le président Evo Morales a le droit et la légitimité pour lui lorsqu’il exerce la souveraineté de son pays sur ses ressources naturelles. En nationalisant l’exploitation de ses gisements de gaz.
2°) La Bolivie du président Evo Morales, comme l’Équateur du président Correa et surtout le Venezuela du président Hugo Chavez, est en train de mettre l’Amérique latine au premier rang d’une rénovation des concepts politiques qui peut enrichir le monde des nations en voie de planétisation.
3°) En alertant le Parlement européen sur la directive européenne précitée, concernant les flux migratoires, le président Evo Morales ouvre deux voies majeures sur le fond et sur la forme.
Sur la forme, un homme du continent sud-américain s’adresse là directement à des élus du continent européen. Ce faisant, il ouvre là la voie du “dialogue des civilisations” entre deux continents que tout doit rapprocher.
Mais surtout sur le fond, il pose là ce qui va être l’œuvre clé du XXIème siècle : gérer en commun les parties communes de la copropriété planétaire. Par le biais du traitement de l’immigration et du statut réciproque des migrants d’un continent à l’autre, le président Evo Morales met le doigt sur un des grands problèmes du monde. Au même titre que le problème alimentaire, découvert enfin par tous, les problèmes sanitaires, celui de la gestion commune de l’eau et surtout le problème de l’instruction à partager.
Dès lors, je réponds au président Evo Morales : sur la bonne voie qu’il ouvre, allons plus loin et plus vite. Convenons tout de suite de la gestion commune des parties communes de la copropriété planétaire. En un quadrilatère de l’humanité où l’alimentation, l’instruction, les médicaments et les adductions en eau potable seront biens publics mondiaux.
Les outils juridiques pour cela existent. Depuis plus de trente ans, la Convention de Montego Bay, sur le droit de la mer, les a créés. Avec le concept de patrimoine commun de l’humanité.
Le cadre politique existe. Il est tout récent, avec l’Eurolat qui s’est encore réuni il y a un mois à Lima.
L’arène du combat existe aussi : c’est l’OMC. L’Amérique latine et l’Europe pourraient y parler d’une même voix. Pour dire que le libre-échange n’est pas la solution à tout et que le politique doit revenir pour imposer sa loi raisonnée à la loi aveugle du marché.
La balle est dans le camp du président Evo Morales, du Président Correa, de la présidente Kirchner, du président Alan Garcia et du pionnier Hugo Chavez. Qu’ils lancent vite l’invitation audacieuse pour un sommet de l’intelligence politique à Caracas. Les députés européens et les politiques qui veulent bâtir le monde du XXIème siècle y seront.