Suppression de 54 000 emplois dans la Défense Nationale dans les 7 ans à venir, assortie d’une suppression de 83 sites ou unités militaires. Voilà une économie…et Dieu sait combien d’économie il faut consentir pour essayer d’assainir ne serait-ce qu’un tant soit peu nos dépenses publiques. Voilà une économie, certes, une économie faite sur le dos de l’armée française.
L’armée, symbole vivant et prestigieux de l’indépendance , de la souveraineté, de l’ordre et de l’ambition d’une nation, se voit subir elle aussi affres de « l’économie ». Quoi de mieux que de s’attaquer à « la grande muette » qui, par soucis de servir au mieux le pays et l’Etat, s’est toujours détournée de la contestation et des réclamations verbeuses ? Avec elle, pas de risque de grèves ou de blocages, pas de risques de grands discours acrimonieux ni d’algarades. Débonnaire par fidélité, elle s’exposait donc à « l’économie » bien plus que beaucoup d’autres secteurs qui mériteraient pourtant que l’on économise jusqu’à leur existence, mais qu’on ne touche pas tant ceci serait comminatoire pour le gouvernement.
Mais si l’armée symbolise l’indépendance nationale, faire des économies sur son dos signifierait-il autre chose que faire des économies sur l’indépendance nationale ? Saigner à blanc l’armée française qui se plaint timidement et en interne de ses manques logistiques et de ses carences technologiques, la réduire encore, l’affaiblir, la ridiculiser (souvenons-nous du général de l’armée de Terre Henri Poncet suspendu de ses fonctions en 2005 à cause de la mort Firmin Mahé, assassin, criminel et violeur notoire), ne sont-ce pas encore des entorses faîtes au prestige nationale, des coups portés à la métaphore de la nation ?
Au vue des orientations politiques de l’Etat français actuel, tout cela s’explique et se comprend. L’indépendance - et donc la liberté - de la France n’est plus la fin recherché par sa politique, comme elle le fut sous le Général De Gaulle. Que d’héritages jetons-nous aux poubelles de l’Histoire ! Selon les mots du même Général, la France fut faite à coup d’épée : en ne lui donnant, donc, plus qu’un canif, elle s’expose à se voir faîte par les autres. Mais nous pouvons en même temps comprendre ce choix du gouvernement: dès lors que les initiatives militaires sont données à l’OTAN, dès lors que ce sont aux Etats-Unis que nous transmettons indûment les moyens militaires pour nous défendre et dès lors que nous acceptons le principe du protectorat; alors c’est vrai, s’enticher d’une armée sérieuse et bien portante relève du superflu.
Et puis « l’armée française », voyons ! Le mot n’est-il pas déjà suranné ? Que valent encore les idéaux de la défense de la patrie dans un monde globalisé et niveleur ? « L’indépendance » , « la liberté », « le courage », « l’abnégation », « la nation »… tout cela ne vaut plus rien car ne sert plus à rien. L’armée, qui synthétise toutes ces valeurs, n’a plus qu’à en subir les conséquences, la voila bradée, la voila martyrisée, la voila éconduit après tant de bons et loyaux services… et voilà encore qu’on ne l’entend pas ou peu, dernière pathétique preuve de son antique valeur.
Que l’on ne s’y trompe pas, la France sans son armée - et donc sans son indépendance - n’est plus la France glorieuse, franche et libre dont nous avons hérité. Elle n’est plus qu’une colonie américaine, une province de Bruxelles, un pion dans la mondialisation.
Un truisme veut que l’armée ne soit que l’image de la nation. Inutile de d’être volubile dans la démonstrations de cette vérité, elle diminue, elle se prostitue, elle se meurt… Tout est dit.