Le président américain George Bush a promis dimanche d’adopter une attitude constructive lors des discussions sur le réchauffement climatique, au sommet du G8, mais il a réaffirmé qu’il ne pourrait y avoir un accord si l’Inde et la Chine refusaient de limiter leurs émissions de gaz à effet de serre (GES).
La lutte contre le réchauffement climatique sera le thème phare du sommet annuel des pays les plus industrialisés (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Japon, Allemagne, Russie, Italie et Canada) qui s’ouvre lundi dans un palace de la station thermale de Toyako, sur l’île d’Hokkaido, dans le nord du Japon.
“Je serai constructif. Je me suis toujours fait l’avocat de la nécessité d’une approche commune et cela commence par un objectif”, a déclaré Bush, lors d’une conférence de presse, après avoir rencontré le Premier ministre japonais Yasuo Fukuda, qui préside ce sommet de trois jours.
“Mais je suis suffisamment réaliste pour vous dire que si la Chine et l’Inde ne partagent pas la même ambition, nous ne résoudrons pas le problème”, a ajouté le président américain qui a fêté dimanche ses 62 ans.
La Chine, l’Inde et douze autres pays se joindront aux membres du G8 pour une partie des débats. A eux seuls, ces seize pays (G8, Chine, Inde, Afrique du Sud, Brésil, Mexique, Corée du Sud, Indonésie et Australie) représentent 80% des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2).
L’envolée des prix du pétrole, des autres matières premières et des produits alimentaires figurera également à l’ordre du jour très chargé du sommet, qui portera en outre sur l’aide aux pays africains. Les dirigeants du G8 devraient par ailleurs condamner les violences qui ont précédé l’élection présidentielle du mois dernier au Zimbabwe et discuter du dossier nucléaire nord-coréen.
SLOGAN CREUX
Les pays en développement, dont la Chine et l’Inde, estiment qu’il revient aux pays riches d’assumer la plus grande part du fardeau concernant la réduction des émissions de GES dans le cadre du nouveau plan d’action international appelé à remplacer le protocole de Kyoto, qui expire en 2012. Les discussions sur ce nouvel instrument sont censées se conclure à Copenhague en décembre 2009.
De profondes divergences subsistant entre les membres du G8 ainsi qu’entre les pays industrialisés et les pays en développement, rares sont les observateurs qui s’attendent à des avancées concrètes à Toyako. Lors du précédent sommet annuel, en Allemagne, les dirigeants du G8 étaient convenus de “réfléchir sérieusement” à un objectif global de réduction des émissions d’ici 2050.
Illustrant ces divisions, l’Afrique du Sud a demandé aux pays riches de revoir nettement à la hausse leurs objectifs, en acceptant de réduire leurs émissions de 25% à 40% par rapport à leurs niveaux de 1990 d’ici 2020 et de 80 à 95% d’ici 2050.
“Sans objectif intermédiaire et sans point de comparaison, l’objectif d’une réduction de 50% d’ici 2050 est un slogan creux sans contenu”, a déclaré à la presse le ministre sud-africain de l’Environnement, Marthinus van Schalkwyk.
Le Japon souhaite que les pays du G8 se mettent d’accord sur un objectif pour 2050 sans faire référence à une année de comparaison.
“Le réchauffement climatique est l’un des plus importants défis que l’humanité doit relever”, a déclaré Fukuda qui espère une déclaration forte sur cette question à l’issue du sommet afin de doper sa cote de popularité en berne.
LES EUROPÉENS EN POINTE ?
La France espère que les Européens joueront un rôle pivot sur ce dossier lors du sommet.
Bush est en fin de mandat et la Russie a un tout nouveau président, souligne l’entourage du président Nicolas Sarkozy. “On aura donc des Européens qui seront un peu en position de pivot”, a souligné un conseiller du chef de l’Etat français.
Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a laissé entendre dimanche que les Etats-Unis et les autres pays industrialisés pourraient revoir à la hausse leurs engagements en matière de réduction des émissions de GES à l’occasion du sommet.
“Nous allons nous efforcer d’obtenir de vrais engagements lors de ce sommet du G8, qui ne consisteront pas seulement à consolider ceux décidés l’année dernière mais iront au-delà avec un objectif intermédiaire”, a-t-il déclaré.
Des analystes et des diplomates s’attendent toutefois à ce que le sommet accouche d’un accord vague sur un objectif à long-terme, suffisant pour permettre au Premier ministre japonais de faire bonne figure. Pour de véritables avancées, soulignent-ils, il faudra vraisemblablement attendre le départ de Bush de la Maison blanche en janvier prochain.
“Je ne pense pas que les gens s’attendent à un accord. Cela se produira sous l’égide des Etats-Unis à Copenhague l’année prochaine”, a déclaré à la presse le ministre canadien de l’Environnement John Baird.