La rencontre entre le président russe et le Premier ministre britannique lors du G8 n’a guère apaisé les relations houleuses entre les deux pays. Les réactions dans les presses moscovite et londonienne.
La première rencontre entre le Premier ministre britannique, Gordon Brown, et le président de la Russie, Dmitri Medvedev, lors du sommet du G8 au Japon, n’a abouti qu’à un regain de tension. Les relations exécrables entre les deux pays, qui traînent de nombreux contentieux (affaire Litvinenko, question des visas, problèmes du British Council ou encore des disputes autour de l’énergie…), ne cessent de se dégrader. Ainsi, de source officielle, The Guardian de Londres note que “pour la première fois depuis la fin de la guerre froide, le MI-5 [services secrets britanniques] renforce sa branche de contre-espionnage visant les agents russes [du FSB, les services secrets russes]“.
Plus rude encore fut le coup porté par un haut responsable du MI-5, dont l’identité n’est pas révélée, dans le cadre de l’émission Newsnight de la BBC. “Jusqu’à présent, aucun officiel du gouvernement britannique, même sous couvert de l’anonymat, n’avait jamais accusé directement les autorités russes de l’organisation du meurtre d’Alexandre Litvinenko [l'ex-agent secret russe devenu opposant au Kremlin et empoisonné au polonium en 2006] ; seuls les médias et les hommes politiques avaient fait de telles déclarations”, souligne Kommersant. Pour le quotidien russe, il s’agit de “la première répercussion notoire dans les médias britanniques des négociations entre Medvedev et Brown” qui avaient lieu presque au même moment au G8.
Certes, le ministère des Affaires étrangères britannique a déclaré que les propos tenus par cette source anonyme ne représentaient pas la position officielle de Londres. Mais, par ailleurs, le même ministère a rappelé qu’il attendait toujours l’extradition d’Andreï Lougovoï, ancien agent secret russe reconverti dans les affaires, élu député à la Douma de Russie et soupçonné dans l’affaire Litvinenko.
Pourquoi la BBC agit-elle de la sorte alors que les relations russo-britannqiues sont au plus bas ? se demande Vremia Novostieï. Et le journal moscovite d’indiquer la réponse de Mark Urban, ancien correspondant diplomatique de la BBC, qui dirige le programme Newsnight. “Il me semble qu’au sein du gouvernement britannique certains pensent que discuter ouvertement de ces questions avec le nouveau président russe peut aboutir à freiner les actions du FSB au Royaume-Uni et, pourquoi pas, résoudre le problème de l’extradition de Lougovoï. Quoi qu’il en soit, il est clair que la discrétion de la partie britannique n’a donné aucun résultat.”
“Cette brute de Russie a besoin d’une bonne leçon,” titre pour sa part The Daily Telegraph dans son éditorial. Mais seul, le Royaume-Uni ne peut rien faire, concède le journal britannique de droite. “C’est une tâche qui nécessite une action commune des puissances occidentales. Elles pourraient commencer par menacer les Russes de renvoi du club élitiste du G8 à moins qu’ils n’acceptent de corriger leurs agissements grossiers.”
Le Premier ministre britannique est-il l’homme d’une telle situation ? “Brown perd aux points face à Medvedev”, ironise Simon Tisdall dans The Guardian à propos de leur premier tête-à-tête. “S’il s’agissait de boxe, le combat aurait été jugé mal assorti : Dmitri Medevdev, un jeune qui porte bien ses 42 ans, bagarreur, fraîchement et triomphalement élu (avec l’aide de l’Etat), contre Gordon Brown, 57 ans, vétéran à la centaine de combats oubliés, lent, non élu, traqué et, selon les médias, sur le point de chuter.” Pour Tisdall, la vulnérabilité de Brown dans l’arène internationale est liée à “son image dans les affaires intérieures véhiculée à travers le monde et selon laquelle il est un homme politique malchanceux, mortellement blessé et dont la fin est proche”.