L’annonce par les autorités du plan de sauvetage des deux géants du refinancement immobilier, Fannie Mae et Freddie Mac, n’a pas calmé les inquiétudes. Car la crise du crédit continue à faire des victimes, comme en témoigne la faillite de la banque californienne IndyMac.
Alors même que le gouvernement Bush volait au secours des deux plus grandes sociétés de refinancement du crédit immobilier, la confiance dans le secteur bancaire était, le lundi 14 juillet, en chute libre. En Californie du Sud, des queues interminables se sont formées devant les agences de la banque IndyMac, mise sous tutelle par les autorités fédérales le 11 juillet dernier, les clients se dépêchant de retirer leur argent. [C'est la plus grosse faillite bancaire depuis vingt-quatre ans.]
Pendant que les autorités tentent de rassurer les déposants, les analystes de Wall Street diffusent des listes d’institutions jugées vulnérables. Nombre d’investisseurs estiment que, malgré sa détermination à aider Fannie Mae et Freddie Mac [ces sociétés cotées en Bourse rachètent les prêts immobiliers à leurs émetteurs et les regroupent au sein de portefeuilles refinancés par des émissions de titres garantis], le gouvernement ne parviendra pas à freiner l’augmentation des créances devenues irrécouvrables, du fait de l’affaiblissement du marché de l’immobilier résidentiel et du ralentissement économique.
Sheila Bair, présidente de la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC, l’agence qui gère le fonds fédéral de garantie des dépôts bancaires), admet que quelques banques traverseront sans doute une mauvaise passe dans l’année à venir. Mais, selon elle, la dégringolade des valeurs bancaires, nourrie par les rumeurs circulant sur les marchés, ne présage pas des faillites en chaîne. “Les épargnants ne doivent pas croire qu’une chute en Bourse annonce la fermeture de leur banque”, martèle Mme Bair. “Je ne veux pas, en plus de nos problèmes de crédit, avoir affaire à un mouvement de panique.”
Mais, à Wall Street, le sauve-qui-peut a déjà commencé. Les investisseurs fuient en masse les valeurs bancaires. L’indice bancaire S&P 500 Bank a reculé de près de 10 %. Washington Mutual, la principale caisse d’épargne du pays, a perdu plus d’un tiers de sa valeur, ce qui l’a obligée à se fendre d’une déclaration assurant qu’elle était “bien capitalisée”. National City, la principale banque de l’Ohio, a dû faire la même chose lorsque son titre a cédé près de 15 %. Les cours de grandes institutions du Tennessee, de l’Alabama et de la Floride se sont également effondrés.
Les craintes qui avaient saisi Wall Street lors de la chute de la banque Bear Stearns en mars dernier se sont ravivées à propos de Fannie Mae et de Freddie Mac la semaine dernière [les autorités ont présenté dimanche un plan d'urgence pour tenter d'enrayer leur plongeon en Bourse]. C’est maintenant au tour des banques de petite et moyenne importance d’en faire les frais, nombre d’entre elles s’étant fortement engagées sur des marchés immobiliers locaux affaiblis. Les investisseurs doutent que ces établissements profitent du même traitement que Bear Stearns et les deux géants du refinancement immobilier. “Le marché se demande qui est trop petit pour bénéficier d’un plan de sauvetage ?” explique William Gross, de la société PIMCO [leader mondial de la gestion obligataire].
D’après la banque d’affaires Goldman Sachs, les banques régionales seront obligées de réduire leurs dividendes afin de préserver leurs finances, une déclaration qui a fait plonger l’action de Zions Bancorporation, dans l’Utah, et de First Horizon National Corporation, dans le Tennessee.
Le bruit selon lequel les clients de National City retireraient leur argent est démenti par la banque. “Nous ne constatons aucune activité inhabituelle concernant les déposants ou les créanciers aujourd’hui”, affirme Kristen Baird Adams, la porte-parole. “Les spéculations vont bon train sur le marché.” Ces derniers bruissent de mille rumeurs malgré la mise en garde lancée le 12 juillet par la Securities and Exchange Commission (SEC, l’autorité des marchés américains), à l’encontre des courtiers qui diffuseraient de fausses informations.
Les analystes s’attendent à voir 50 à 150 institutions mettre la clé sous la porte dans les douze à dix-huit mois qui viennent. Au premier trimestre 2008, la FDIC a publié une liste de 90 banques en difficulté. IndyMac n’y figurait pas. Elle a pourtant fait faillite.