Le sénateur des Hauts-de-Seine juge que ce texte est une «usine à gaz» et se dit pessimiste sur son adoption, alors que les ténors de l’UMP se mobilisent pour décrocher les voix manquantes.
On ne pensait pas qu’il faisait partie des hésitants, et pourtant… Dans un entretien à France-Soir vendredi, Charles Pasqua, sénateur apparenté UMP des Hauts-de-Seine, annonce qu’il «ne croit pas» qu’il votera la réforme des institutions présentée lundi en congrès à Versailles.
Sans préciser s’il votera contre ou s’il s’abstiendra, l’ancien ministre de l’Intérieur ne fait pas mystère de son peu d’enthousiasme pour cette réforme, qu’il qualifie «d’usine à gaz».
Pour lui, «la réforme n’aurait dû comporter qu’un seul article : autoriser le président de la République à venir s’exprimer devant les députés et les sénateurs». Car, selon Charles Pasqua, «tel est le véritable enjeu pour Nicolas Sarkozy, qui veut s’inspirer de la tradition américaine».
Mais, explique l’un des anciens mentors de l’actuel chef de l’Etat, «pour obtenir l’adhésion des parlementaires, il a décidé dans le même temps de réévaluer les pouvoirs du Parlement» et «cela a entraîné un jeu de dominos : en effectuant certaines concessions, il a soulevé de nouvelles hostilités». Pour lui, le vote de lundi «semble difficile», car le plein de voix est «loin d’être assuré» à droite et l’appui de voix du centre et de la gauche «mal engagé».
Pasqua s’attaque à Devedjian
L’hostilité de Charles Pasqua a cette réforme est-elle dûe à ses scrupules de gaulliste «historique» ou aux déclarations hostiles à son égard de Patrick Devedjian, secrétaire général de l’UMP et président du conseil général des Hauts-de-Seine, qui a expliqué à L’Express qu’il comptait «nettoyer les écuries d’Augias» de l’UMP dans son département ?
La question se pose au vu d’une autre interview que donne Charles Pasqua, cette fois dans les colonnes du Monde. Il demande au secrétaire général de l’UMP de «reprendre ses esprits» et rappelle, à toutes fins utiles : «c‘est moi qui ai fait en sorte qu’il se présente à la mairie d’Antony, puis qu’il soit député des Hauts-de-Seine. Il me doit tout».
Quant aux accusations à peine voilée de corruption que Patrick Devedjian fait peser sur lui, Charles Pasqua estime que «c’est totalement faux». Avant de préciser lui demander d’expliquer «à sa majorité que ses mots ont dépassé sa pensée. Dans le cas contraire, il vaut mieux qu’il fasse autre chose car la situation va rapidement devenir intenable».
«Entre trois et cinq voix» décideront de la réforme
Au-delà des querelles qui agitent l’UMP dans les Hauts-de-Seine, La prise de position de Charles Pasqua sur les institutions traduit une certaine fébrilité dans la majorité. Les témoignages de parlementaires UMP contactés par l’Elysée, Matignon ou la direction du parti se multiplient, de même que les passages dans les médias des ténors de la droite.
Jean-François Copé a répété vendredi sur Europe 1 son appel à la «responsabilité» de chaque parlementaire. Et expliqué que «Le week-end, jusqu’à lundi, nous allons le passer à nous téléphoner», car «pas une voix ne doit manquer».
Quant à Roger Karoutchi, secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement, il accuse le PS de se comporter «comme un ayatollah» et de faire pression sur ses parlementaires pour qu’ils votent «non». «Le bureau politique du PS menace d’exclusion du parti, du groupe, tout député socialiste qui des idées, qui pourrait s’abstenir, qui voudrait participer au débat», dénonce Roger Karoutchi, pour qui la réforme va se jouer «à quelques voix près», précisément «entre 3 et 5».