Après vingt-neuf mois de rebondissements, le feuilleton de la fusion entre Gaz de France et Suez touche à sa fin. Les deux groupes réunissent aujourd’hui leurs assemblées générales respectives pour entériner leur rapprochement. Ce dernier donne naissance à un nouveau poids lourd du paysage énergétique européen, dont la capitalisation boursière avoisinera les 90 milliards d’euros.
Huit cent soixante-treize jours. Presque deux ans et demi. C’est le temps qu’il aura fallu à Suez et Gaz de France pour finaliser leur fusion et donner naissance à un nouveau poids lourd européen de l’énergie.
A l’issue de cet éprouvant marathon, les deux groupes sont désormais assurés de recueillir, aujourd’hui, l’assentiment de leurs assemblées générales respectives. Pour Suez, ce sera chose faite ce matin. Pour GDF, en milieu d’après-midi. Ne restera plus, alors, que quelques « formalités ».
Dès demain, l’arrêté de privatisation de Gaz de France sera publié au « Journal officiel » et, dans les jours qui viennent, les équipes dirigeantes prendront progressivement possession de leurs nouveaux bureaux, dans le quartier du parc Monceau, à Paris.
Conformément au schéma dévoilé en septembre, le rapprochement donnera lieu à deux opérations concomitantes : parallèlement à la fusion proprement dite, qui sera circonscrite aux activités énergétiques des deux groupes et se fera par échange de titres (22 actions Suez donnant droit à 21 actions GDF), Suez s’apprête à mettre en Bourse 65 % de ses activités eau et propreté. Le nouvel ensemble et sa filiale Suez Environnement feront leurs premiers pas boursiers le même jour, mardi 22 juillet.
Dossiers sensibles
Des pas de géant, en ce qui concerne la maison mère, qui se hissera d’emblée au 2e ou 3e rang de l’indice CAC 40, avec une capitalisation boursière proche de 90 milliards d’euros. Même amputé de son pôle environnement, le groupe qui se dessine rivalisera désormais avec les deux autres leaders européens du secteur, l’allemand E.ON et le français EDF.
Dans le gaz et l’électricité, tous les trois pèsent désormais entre 60 et 70 milliards de chiffre d’affaires. L’écart est donc creusé avec des acteurs tels que RWE, Iberdrola ou Enel, qui sont pourtant eux aussi des poids lourds du paysage énergétique européen.
Quelques dossiers sensibles attendent le nouveau groupe : le nucléaire en fait partie. Après la décision de principe de construire un deuxième réacteur EPR sur le territoire français, le PDG de Suez a fait savoir qu’il était prêt à s’impliquer dans ce projet et qu’une décision en ce sens pourrait être prise dès le début de l’année 2009. Très vite, Gérard Mestrallet devrait notamment avoir l’occasion de tester l’Etat, son premier actionnaire (à 35,6 %), sur la délicate question des tarifs gaziers. Un sujet brûlant que Jean-François Cirelli, le patron de GDF, ne devrait pas être mécontent de lui léguer.
Si le gouvernement n’a pas souhaité voir évoluer les prix du gaz en juillet, la flambée des coûts d’approvisionnement de GDF laisse en effet clairement présager une nouvelle augmentation des tarifs à la rentrée. Une hausse qu’il sera difficile d’expliquer aux ménages français, dont la facture s’est déjà alourdie de près de 10 % depuis le début de l’année 2008. Surtout si elle coïncide avec la distribution du dividende exceptionnel annoncé hier. A elle seule, cette petite prime offerte aux actionnaires de GDF Suez amènera le groupe à débourser avant la fin de l’année pas moins de 1,8 milliard d’euros.